samedi 19 mars 2011

We 'll move on...

Ceci est donc un dernier petit article avant de m'installer pour quelques mois sur tumblr, pour peut-être revenir par ici plus tard. Mais je pouvais difficilement quitter ce blog sans parler une dernière fois de Kütu Folk Records.
L'occasion, cette fois, est le concert de St Augustine de mercredi dernier. Je ne sais pas quelle est leur recette, mais elle fonctionne à chaque fois : avec The Delano Orchestra, Leopold Skin, Evening Hymns ou St Augustine, on ressort conquis de chaque concert.


St Augustine - Move On @ Le Baraka, Clermont-Ferrand, (merci goodbyejude)

Il sortira un EP, June, a Maze, le 26 avril et c'est en solo qu'il est venu présenter ses nouvelles chansons. Que ce soit les chansons du premier album (A Nice Picture of You, Broken Lens), de la collaboration Winter & Bonfire (le somptueux Collide) ou de l'EP qui arrive (Move on en écoute juste au-dessus, une véritable obsession ces jours-ci), elles sont toujours très touchantes, pleines d'émotions. Et en plus de la sincérité évidente qui se dégage des morceaux, François-Régis Croisier est accessible, relâché, on aura même droit à de trépidantes anecdotes entre les morceaux.
La configuration solo apporte forcément un peu plus d'apaisement, de recueillement même (tout le monde très attentif), mais je suis curieux de voir le résultat avec un groupe, ce qui se produira le 2 mai à la Coopérative de Mai avec Hospital Ships et Zak Laughed. Ces trois groupes, qui sortiront chacun un disque chez Kütu Folk Records à cette période seront en tournée ensemble et voici trois extraits des albums.

dimanche 6 mars 2011

Le Dutchbeat

Puisque je n'ai plus vraiment le temps d'écrire, j'accueille un invité sur taupemusique pour m'aider un peu, et pour parler du Dutchbeat.


What the hell is this? - A short introduction to Dutchbeat.


Au même moment où les Beatles tournaient comme des dingues (1963-1966) et brassaient les millions, des dizaines de jeunes néerlandais rassemblaient tous leurs cours d'anglais et faisaient le tour de toutes les salles de concert où on voulait bien d'eux. Ils laissaient de côté leur quotidien de lycéen, d'étudiant, quittaient leurs jobs minables le temps d'un week-end, pour vivre leur rêve de rockstar du Plat-Pays. Le résultat, souvent quelconque, mais dont résultent quelques pépites, n'obtient pas l'exposition médiatique qu'il mérite. Ce mouvement, parti aussi vite qu'il est arrivé, se nomme le Dutchbeat, un dérivé exclusivement néerlandais de la musique beat.


Pas assez pop, pas assez bien chanté, le Dutchbeat n'est pas exactement de la musique beat à proprement parler. Pas assez produit, trop approximatif, pas assez d'argent à gagner, le Dutchbeat n'en reste pas moins un formidable manifeste de jeunesse d'un pays qui veut prouver qu'il peut exister seul. Cette musique pétrie de défauts est ce qui fait sa force. Elle n'est pas parfaite. La sensation est la même lorsqu'on met un disque de Dutchbeat et un disque des années 30 : ça craquelle; le son est immonde, mais l'énergie est là. Et c'est ce qui plait. 


Pourquoi aimer le Dutchbeat? 

Le Dutchbeat est un mouvement jeune, frais, et qui a un point commun: certaines chansons produites ont été d'une qualité mélodique qui n'a rien à envier aux Beatles. Tout fut une question de production. Soudain, des dizaines de groupes ont pullulé des quatre coins des Pays-Bas pour égayer les weekends de toute cette jeunesse qui n'attendait que ça. Certaines chansons sont devenues des classiques instantanés.

Allez écouter Venus de Shocking Blue par exemple. Vous la reconnaitrez instantanément, car utilisée dans une pub. 

Tout d'un coup, tout un pays s'est découvert une existence autour de la musique. C'est pour cela que c'est si beau. Un pauvre village de pêcheurs, comme Volendam a pu développer toute une industrie musicale dans les années 60, qui a eu du succès jusqu'en Chine! Les Néerlandais s'offusquaient de tous ces groupes aux cheveux longs, signe de rébellion, mais qui en même temps insufflaient un supplément d'âme au pays. La semaine on trimait dur, le samedi on allait voir le dernier groupe à la mode, le dimanche, on décuvait à la messe. Des salles mythiques sont nées de ce mouvement, comme Paradiso ou Melkweg à Amsterdam, ou même le Maassilo à Rotterdam.


Le Dutchbeat fut un mouvement court, plus court que le punk. Entre 63 et 69, les néerlandais triomphaient sur leur pays. Puis vinrent tous les autres groupes de l'étranger, qui submergeront le pays, et étouffera tout l'élan créatif musical des Néerlandais.


Car il a inventé le garage. Allez écouter les enregistrements primitifs de groupes comme The Outsiders ou Q'65, et vous comprendrez que le Garage fut inventé par les néerlandais. Si,si, j'insiste.


Quelle est la trace du Dutchbeat de nos jours?

Il n'y a plus aucune trace du Dutchbeat, tout simplement. Un groupe comme The Madd tente péniblement de relancer le mouvement, mais le revival reste mineur. C'est pour cela qu'il faut rendre hommage à un mouvement qui ne fut que sous-médiatisé, mais auquel on devrait plus s'intéresser. Convaincu? Allez écouter ces artistes: 



Q'65 

ZZ & De Maskers



Et si vous accrochez, allez acheter cette belle compilation : 


Nederbeat '63 – '69 (pas évident à trouver, les prix commencent à 100 $ sur Amazon, mais je l'ai trouvé pour beaucoup moins cher héhéhé)



Enjoy Dutchbeat! 



Votre serviteur, MusicNerd.

jeudi 3 mars 2011

Sélection de début d'année

Profitons des vacances pour mettre un peu d'ordre par ici avant que les choses n'empirent. Peu de choses à se mettre sous la dent en ces premiers mois de 2011, alors parlons-en.

Stranded Horse pour commencer. Tout le monde en a parlé, à juste titre, mais il est bon d'en remettre une couche. Yann Tambour a abandonné Encre et lâché un Thee encombrant pour publier Humbling Tides sous le nom de Stranded Horse. Comme le suggère la pochette, la kora est un instrument essentiel de l'album et lui confère une certaine légèreté. Il flotte entre deux eaux, entre l'anglais et le français, l'aigu et le grave, la fragilité et l'assurance, sans jamais vaciller. Au contraire, Humbling Tides est d'une incroyable maîtrise, il n'y a qu'à écouter What Difference Does It Make, sublime reprise des Smiths, pour en être convaincu. Ce disque est sobre, sans envolée lyrique parfois fatigante mais très attachant si on compte le nombre de fois où on y revient. C'est assez rare pour être souligné, Stranded Horse manie très bien le passage du français à l'anglais et inversement. J'ai d'ordinaire beaucoup de mal avec les chansons en français, mais j'ai été tout de suite convaincu par Les Axes Déréglés, aussi bien par les paroles que par la mélodie.




Vient ensuite Akron/Family dont l'album, sobrement intitulé S/T II: The Cosmic Birth And Journey Of Shinju TNT a bien failli ne jamais passer entre mes oreilles, le groupe s'étant amusé à diffuser une version horrible non mixée dans les tuyaux "non-officiels" avant la sortie de l'album. Ce qui aurait été bien dommage puisque cet album est tout de même très intéressant. Toujours à la limite du raisonnable côté psychédélisme, leur musique est étrange, intrigante, surprenante mais se révèle très agréable après quelques écoutes. Les chansons perdent un peu de leur force dans la deuxième partie du disque (après un milieu extraordinaire), mais l'ensemble est plus consistant que leur précédent, Set 'Em Wild, Set 'Em Free. C'est un album dont l'écoute ne laisse pas indifférent, il dérange au début, secoue un peu ensuite, puis apaise. Et c'est d'ailleurs ainsi qu'il est construit, comme si la fin nous préparait à un retour à la réalité.


Un peu plus anecdotique peut-être, Kaputt de Destroyer. Ce membre des New Pornographers vient ici explorer de nouveaux horizons, bordés de solos au saxophones légèrement surannés. Tout n'est pas parfait dans cet album, mais le titre d'ouverture, Chinatown, met tout de suite sur la voie et on comprend vite si on va aimer ou non l'album. Cette chanson m'a fait de l'oeil et j'ai succombé aux charmes des synthés un peu cheap, un peu kitsch, des bruits un peu bizarres et surtout du sens de la rythmique, qui en fait un disque pop délicate, dans lequel on viendra se lover en attendant le printemps.







Liens :  - Stranded Horse sur spotify, en tournée fin mai.
              - Akron/Family sur spotify, en tournée française fin mai également.
               - Destroyer en écoute sur Grooveshark.