lundi 24 mai 2010

Europavox 2010 (J3)

Le voilà arrivé, ce samedi soir qui me fait de l'oeil depuis que la programmation du festival a été annoncée. Richard Hawley et les Nits réunis le même soir, un artiste et un groupe auxquels je n'aurais sans doute pas prêté une oreille attentive s'ils n'étaient pas passés si près de chez moi. J'aurais eu bien tort.

On commence la soirée comme la veille, à la petite Coopé avec un folkeux barbu espagnol, Bigott et ses cinq musiciens. Avec ses danses psychédéliques, bien aidées par son déhanché hors du commun, l'homme met en confiance la salle, qui rentre petit à petit dans l'univers de l'artiste. De la musique douce mais parfois rêche, calme mais parfois énervée, pour une belle entrée en matière. La claviériste vient accompagner bigott au chant sur deux chansons, quand . Je ne m'étendrais pas sur l'apport du triangle sur une des chansons mais je retiens Cool single wedding, dead mum walking ou she is my man qui m'ont vraiment plu. Comme le montrent ses amis sur myspace, il a aussi bon goût. Une belle surprise pour ouvrir une belle soirée.
On s'enfuit ensuite de la Coopérative de Mai pour échapper à Hindi Zahra et on se retrouve devant la Sex Room Session des Glums, que je n'avais toujours pas vus en concert. Le son est pourri mais on sent bien qu'eux sont bons. A revoir dans de meilleures conditions rapidement. J'en profite pour signaler que la mini-scène des Sex Room faisait donc office d'une deuxième scène gratuite le samedi et le dimanche, idéale pour combler les temps morts (qu'on n'a pas vraiment vécus samedi soir...) en écoutant des groupes locaux ou des artistes loupés dans d'autres salles. 


Pas convaincu par les polonais d'Oszibarack ou les hongrois d'Amber Smith et leur reprise de Gainsbourg, on retourne à la grande Coopé où des sièges ont été installés pour la soirée. Puisqu'on tient encore sur nos jambes, on décide de se lever et de passer le concert des Nits debout, au premier rang. Les Nits, ce sont trois jeunes papys néerlandais : Robert Jan Stips au clavier, Rob Kloet à la batterie et Henk Hofstede, le chanteur principal, à la guitare/banjo/harmonica. Le concert commence sur Hawelka, un titre de leur dernier album dont de nombreuses chansons jouées ce soir en sont extraites. Les Nits, c'est de la pop classe et harmonieuse qui fait parfois penser aux Beatles lorsque les choeurs se mettent en place. C'est aussi des blagues sur Johnny ou les histoires des chansons entre les chansons: des chansons sur Nick Drake se baladant chez Yoko Ono (Nick in the house of John), sur l'été en vieillissant, sur Louis XIV, Elena Ceaucescu et la reine des Pays Bas, sur un homme juif dans un train surnommé Tannenbaum. Mais les Nits, c'est surtout des morceaux très bien orchestrés, qui nous emportent dès le début (le somptueux Cars & Cars) ou dont la fin nous renverse (Departure).
Ils nous gratifieront d'une chanson en acoustique, assis sur le bord de la scène, comme pour redonner un peu d'intimité à cette grande salle de la Coopérative de Mai. C'est sur In the Dutch Mountains qu'ils nous quitteront, résumé parfait de leur concert, mêlant finesse et rythmes enlevés. Après cette heure et demie splendide et avec plus de trente ans de carrière au compteur, on se dit qu'ils méritent bien plus de reconnaissance que celle qu'ils ont à ce jour. 
Ayant raté les Band of Skulls, on court quand même jusqu'au Magic Mirrors écouter les premiers morceaux de Peter Hook et on y est accueilli par JD the DJ qui lance un "Salut les punks" avant de passer le relais au bassiste historique de Joy Division. Je n'écouterais que les deux premiers morceaux (pour en lire un peu plus sur ces deux concerts, allez donc voir ici); pas vraiment fan du groupe et du son trop fort, je retourne vite à la Coopérative de Mai pour ne pas louper le début du concert de Richard Hawley.


Placement stratégique au premier rang alors que retentissent les premières notes d'As The Dawn Breaks. On comprend vite que la soirée classe n'est pas finie, Richard arrive dans un magnifique costume, la contrebasse et le piano entrent en scène et la batterie fait doucement son apparition. Nous voilà embarqués pour une heure et demie de romantisme et de mélancolie, que les musiciens n'oublieront pas d'accompagner de guitares saturées et de percussions puissantes, passant parfois au premier plan. Au moins six des huit morceaux de Truelove's Gutter, son dernier album, seront joués, des morceaux dont la longueur (Remorse Code, Don't You Cry) a pu en rebuter certains mais qui participe aussi à la mise en place de l'atmosphère planante du concert. Une fois de plus, les musiciens sont particulièrement doués: que ce soit à la guitare 12 cordes ou à la scie musicale, pas un faux pas. Plus encore que ses guitares estampillées HAWLEY, l'instrument principal de Richard est sans doute sa belle voix, grave, rassurante, qui sied à merveille à ses compositions. Je n'ai pas relevé le nom de toutes les chansons mais il est également remonté dans ses anciens disques pour nous jouer un splendide Run For Me. Il ne nous parlera que pour nous remercier et nous présenter ses musiciens mais reviendra volontiers pour un rappel nous interpréter The Ocean et nous laisser "down to the ocean"... Grand moment, grand monsieur, qui aura ravi le public de la salle, mis à part les agents de sécurité, qui disaient vouloir aller réveiller les endormis au fond des gradins... Seul reproche, le pupitre devant Richard, dont on n'a pas forcément compris l'utilité et qui a gêné quelques spectateurs...


Du coup, quand on passe de la grande à la petite salle pour finir sur jj (joakim & jag : joakim et moi) on est frappé par ce que l'on voit: Une chanteuse au micro avec sa guitare et Joakim caché sous sa serviette. Deux jours après, on n'a toujours pas compris ce qu'il faisait sur scène.
Après autant de maîtrise et de raffinement chez les Nits et Richard Hawley, on se demande l'intérêt d'un concert où seul le (beau) chant d'Elin vient se rajouter sur une plage de musique enregistrée. Alors timidité exacerbée noyée dans l'alcool ou véritable foutage de gueule, on ne sait pas mais c'est tout de même dommage car la musique de jj est très agréable et aurait pu être une belle surprise de plus, tant pis, on se contentera des albums.


Vous l'aurez compris, j'ai passé une excellente soirée à Europavox (bien supérieure aux deux précédentes) et je suis au final très content de ce festival. Je redoutais un peu la programmation lors de son annonce, mais j'en suis plutôt satisfait (même si les jeudi et vendredi étaient assez pauvres), voire même heureux d'avoir pu m'intéresser aux Nits et à Richard Hawley. De même pour l'organisation, c'est de mieux en mieux, peu de temps mort, grâce aux Sex Room Sessions notamment et l'ambiance festival était aussi nettement plus présente cette année, tout en gardant des scènes qui rendent possible la proximité avec les artistes.
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dimanche 23 mai 2010

Europavox 2010 (J1-2)



Depuis 2006 à la fin du mois de mai, Europavox fait son apparition à Clermont-Ferrand. Festival destiné autant aux professionnels européens (réunions, rencontres...) qu'au public, sa programmation comprend aussi bien des grosses têtes d'affiches nationales que des artistes indépendants renommés, voire totalement inconnus dans un but de promotion de la musique européenne. Je m'y suis rendu les trois premiers soirs, n'ayant pas eu de place pour la soirée avec Doherty, complète assez tôt.

Ouverture jeudi soir avec une soirée gratuite sur toutes les scènes exceptée la Coopérative de Mai avec Camelia Jordana que je n'ai pas vue. Je me suis donc dirigé vers le Magic Mirrors, splendide cadre pour des concerts : un chapiteau stylisé avec des vitraux tout autour, pour voir The Disciplines. J'y trouve Las Ondas Marteles en arrivant pour un petit set agréable mais pas transcendant, pendant qu'on préparait la scène pour les Norvégiens. Et le concert fut énergique et puissant, sous l'impulsion du chanteur du groupe Ken Stringfellow (qui lui n'est pas norvégien mais américain et vit à Paris), qui a bien dû passer la moitié du temps dans le public, jusqu'à ramper sur le dos et lancer un pogo. Ses attitudes peuvent énerver, il n'en reste pas moins que leurs chansons sont terriblement efficaces (Yours For The TakingWrong Lane, Get It Right ou Best Mistake par exemple). On s'échappe rapidement dès la fin du set pour aller dire quelques mots au chanteur (que j'avais vu seul en Décembre dans un registre beaucoup plus calme) et on reviendra un peu plus tard pour écouter Tokyo Sex Destruction mais, pas convaincus par leur rock garage boum boum, on repartira rapidement. Première journée achevée sans voir beaucoup de concerts, mais on se réservait pour la suite.

On débarque donc tout frais place du 1er mai le vendredi soir pour quelques belles découvertes, mais avant cela, fajitas! Année de l'Espagne (et faim) oblige. On se dépêche de finir et on file voir les Black Box Revelation, qui commencent à jouer devant une salle quasi vide avec malgré cela, un batteur au sourire béat du début à la fin du concert. Le son est un peu fort pour moi mais les gars sont bons, puissants sans que leur set ne vire bruitiste. Mon principal reproche est que j'ai trouvé l'ensemble un peu monotone, sans doute parce que je connaissais peu de chansons (mais High on Wire est très bien passée). 
Le temps de franchir les portes entre la petite et la grande salle de la Coopérative de Mai que le concert de Nive Nielsen commence. Une petite Groenlandaise qui s'est entourée d'un groupe, The Deer Children et qui fait des chansons à propos d'aspirateurs (Where is my vacuum cleaner ?), de pirates ou de cafés qu'elle prépare tous les matins à son mec. Malgré ces paroles  un peu faciles (seconde degré ?), les mélodies sont là, elle a une belle voix et les musiciens sont bons derrière. Pas la révélation de l'année - ni même de la soirée - mais moment agréable.
On laisse à Rachid Taha le soin de commencer son concert et on va vite rejoindre le Foyer, un autre chapiteau en accès libre pendant toute la durée du festival, pour écouter Instrumenti. Après avoir vu cette vidéo, je ne voulais pas les louper! Pas de feux d'artifices ce soir, mais deux pandas lettons sont bien là et leur accoutrement a visiblement plu au public de la salle. Leurs chansons, entre pop, electro et rock, naviguent entre morceau instrumental chanté en islandais et tube intergalactique (Life Jacket Under Your Seat) en clôture de leur set pour finir de déchaîner les foules. Déjà très connus en Lettonie (en témoigne l'ambassadeur letton qui connaissait par coeur la chanson chantée dans leur langue maternelle), ils ont tout pour grandir très vite s'ils sortent d'autres morceaux de la trempe de Life Jacket. On n'était d'ailleurs pas les seuls à attendre ce groupe, JD Beauvallet était juste derrière nous.
Pendant que l'on était occupé avec les pandas, Mick Jones rejoignait Rachid Taha sur scène pour reprendre Should I Stay or Should I Go. On ne reviendra à la Coopé que pour entendre la fin du concert de Gaetan Roussel et notamment sa reprise des Talking Heads, Psycho Killer, qui nous laissera sceptiques, notamment à cause de sa voix. Pour clore cette soirée, on se dirige vers la petite Coopé où Boogers avec sa guitare et ses rythmes enregistrés peinera lui aussi à nous convaincre (oui oui, on est très difficile), la voix n'étant pas exceptionnelle et le rendu final plutôt moyen.
On quitte la salle assez vite et on se prépare pour la soirée du lendemain, celle qui nous faisait le plus envie : Richard Hawley, The Nits, Peter Hook et JJ sont au programme.


Ah oui, le on/nous c'était une-amie-dont-la-chronique-est-en-ligne-ici et moi.


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vendredi 14 mai 2010

I think the kids are in trouble...

Je voulais parler d'autre chose. Je voulais attendre d'avoir reçu mon vinyle violet pour en parler, l'avoir écouté au moins une fois en vrai. A l'origine, je voulais même ne pas l'écouter du tout avant de l'avoir reçu. Et puis je n'ai pas pu résister. Je l'ai déjà dit ici, ce groupe m'obsède depuis quelques mois, et plus encore depuis le 19 Avril, jour de la fuite sur Internet de High Violet.

J'ai été plutôt troublé lors de cette première écoute, avec l'impression de me trouver face à un disque extrêmement dense, mais avec des morceaux qui me plaisaient déjà beaucoup. La production assez "crasse", "maison" comme ils le disent, m'a dans un premier temps surpris, puisque tout était très propre sur Boxer, et pas mal dérouté, notamment sur Terrible Love. J'avais beaucoup aimé le morceau lorsqu'ils l'ont joué sur le plateau de Jimmy Fallon (à peu près comme ça) et la version de l'album m'a paru bridée, comme s'ils avaient limité la chanson pour qu'en ouverture du disque, elle ne fasse pas de l'ombre à toutes les autres.

Malgré cela, j'ai succombé. Il faut dire quand même que si la production me gênait parfois, toutes les chansons avaient quelque chose pour me plaire. Le premier coup de coeur a été pour le final d'England, une explosion  avec les cuivres qu'on se plait à attendre pendant la première moitié de la chanson. On retrouve sur ce disque la marque de fabrique de The National (oui, c'est bien d'eux que je parle depuis le début), le mariage maîtrisé des percussions, des cordes et de la voix tourmentée de Matt Berninger. Le tout est en tout cas très cohérent, une mise en tension progressive jusqu'à Afraid of Everyone puis des morceaux plus rythmés (Bloodbuzz Ohio, Lemmonworld), plus pop (Conversation 16), comme pour évacuer cette force, avec une pause sur Runaway, qui repose avant tout sur la voix de Matt.

Je ne peux pas vraiment comparer cet album à leurs précédents, je n'ai pas assez de recul et je ne sais pas comment j'aurais apprécié Boxer ou Alligator si j'avais pu les écouter dans ce contexte. Toujours est-il que c'est une nouvelle fois un très bon album, celui qui me plaît le plus depuis le début de l'année et qui confirme leur statut de groupe préféré, en attendant que celui de plus grand groupe du monde soit officialisé. Sur cette lancée, ça ne saurait tarder.